Le château

Le village de Roucy est rassemblé autour d’une éminence, la motte féodale, que l’on dit en partie artificielle, et qui portait autrefois un château fort construit en 948 sur le sommet de ce mamelon escarpé de tous côtés. Par sa situation dominante, il commandait la Vallée de l’Aisne et la route romaine de Reims à Soissons, par Fismes. Une grosse tour était établie sur la partie la plus élevée, entourée de hautes terrasses formant remparts et à la base, une enceinte de tours réunies par les murailles le séparait du village.

Il ne reste plus rien aujourd’hui de ce château féodal qui a subi de nombreux sièges, sauf les vestiges d’une tour dans le parc qui a servi de glacière au nouveau château qui fut érigé de 1545 à 1556 par Charles, sire de Roye, 23ièmecomte de Roucy. Sa fille, Charlotte, apporta en dot le comté de Roucy dans la maison de La Rochefoucauld par son mariage avec François. Celui-ci possédait plusieurs domaines, mais il porta sa préférence sur celui de Roucy et y fit exécuter des travaux de grande ampleur, dans le plus pur style Renaissance. Par ailleurs, le cours de la petite rivière fut modifié afin que les eaux empruntent un canal souterrain (encore en service) pour franchir la propriété.

En 1785, le château subira encore de spectaculaires transformations menées par Armand-Joseph de Béthune, duc de Charost qui le fit partiellement démolir et reconstruire selon un nouveau plan. La distribution intérieure fut entièrement modifiée, le rez-de-chaussée du pavillon central ne formant qu'une vaste pièce, selon les critères du style Louis XVI.

 Mais la Révolution de 1789 interrompit ces travaux qui ne furent terminés qu’en 1870 par l’éminent architecte Boeswilwald, sous l’égide de Louis de Vassinhac, comte d’Imécourt qui décéda en 1871. A partir de là, le château, jusque-là résidence d’été, cessa d’être habité et resta abandonné sauf pendant de courtes périodes.En 1902, il était encore en grande partie meublé, mais petit à petit, le mobilier fut dispersé au gré des partages familiaux et de la voracité de certains antiquaires.Ce fut le cas des 1700 volumes anciens et rares, aux reliures richement ornées qui composaient la bibliothèque du duc de Béthune-Charost et qui furent achetés en 1902 par un libraire rémois.

En 1917, exposé à quelques kilomètres du front de guerre, le château fut bombardé par les allemands. La paix rétablie et encore vaillamment debout, plutôt que d’être réparé, le château s’en est allé pierre par pierre...contribuant à la restauration, à Reims et dans la région, de monuments publics ruinés par la guerre.