Au bout de la rue du Moulin, à l’ouest du village, se trouve l’ancien Hospice de Roucy édifié en 1862, sur l’emplacement où les anciens seigneurs de Roucy avaient fondé une maladrerie (hôpital de lépreux) qui, en 1699 fut réunie à l’Hôtel Dieu de Laon.

Cet édifice était constitué de quatre bâtiments semblables formant à l’intérieur un élégant carré, sorte de petit cloître avec promenoir ouvert et une petite fontaine au centre, dominés par l’élévation d’un étage sur rez-de-chaussée et de combles mansardés. Face à la porte d’entrée, une petite chapelle dont le sanctuaire saillait vers l’extérieur était surmontée d’une fine flèche à la charpente couverte en ardoises. Dans la crypte, sous la chapelle, reposait la famille du comte d’Imécourt : la comtesse, décédée à Paris le 2 octobre 1890 à l’âge de 64 ans, son mari, Louis-Xavier de Wassinhac d’Imécourt et leurs deux enfants Xavier et Marguerite qui y reposaient déjà.

L'origine de l'Hospice

L’origine de cet hospice est une histoire bien touchante et les événements qui s’y déroulèrent ensuite dépassent en horreur les pires « scénarios catastrophes ».

En 1859, le comte et la comtesse d’Imécourt eurent la douleur de perdre leur fille ainée, Marguerite, âgée de neuf ans et qui, malgré son jeune âge, faisait déjà preuve de grandes qualités intellectuelles et morales. Pensionnaire dans un couvent du Sacré-Cœur, elle rêvait de fonder une maison où l’on recueillerait les petites orphelines et avait déjà mis de côté quelques économies sur sa bourse à cet effet. Bouleversés par le regret exprimé de l’enfant mourante de n’avoir pu accomplir sa généreuse idée, le comte et son épouse décidèrent de consacrer la valeur de sa dot à l’édification d’un hospice en hommage à sa mémoire. Cet établissement à vocation hospitalière était tenu par cinq religieuses de l'ordre de Saint-Charles à Nancy et abritait quelques vieillards sans grande infirmité et trente-cinq orphelines auxquelles on apprenait la couture et le jardinage.

Un drame effroyable

C’est dans la nuit du 22 au 23 mars 1894 qu’eut lieu le drame. Un violent incendie se déclara dans les combles près de la chapelle, qui servaient de dortoirs aux orphelines. C’est le bruit de la chute des lustres de la chapelle qui donna l’alarme, mais tout alla très vite, la flèche de la charpente faisant appel d’air et activant les ravages des flammes.

Et quand on voulut sonner le tocsin, la corde de la cloche était déjà consumée. Tout était embrasé quand arrivèrent les premiers secours. Vieillards et enfants dévêtus s’étaient réfugiés dans une pièce du rez-de-chaussée, mais quelques fillettes, honteuses de leur quasi-nudité retournèrent à leur dortoir pour se vêtir... six d’entre elles furent victimes de leur périlleuse imprudence !

Du secours vint des villages voisins, mais l’eau du lavoir, tout proche, fut trop vite épuisée.Le coquet établissement n’était plus qu’une ruine. C’est le dimanche suivant, jour de Pâques, que furent célébrées les obsèques des six petites victimes.Plus de 2000 personnes y assistèrent.

Grâce à de nombreux dons, l’Hospice fut reconstruit, et trois ans plus tard, les habitants de Roucy s’unissaient aux religieuses pour célébrer la cloche de la nouvelle chapelle offerte par la princesse de Hohenlohé qui, avec son cousin, le comte d’Imécourt, en étaient la marraine et le parrain.

Aujourd’hui propriété de l’Association évangélique « Plus que Vainqueurs » sous l’appellation « Le Bon Samaritain de Roucy », l’ancien Hospice a connu des fortunes diverses : successivement asile, ouvroir, dispensaire, hôpital, maison de repos, mairie et école (après la guerre 14-18) colonie de vacances des PTT et... guinguette !